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Comment les petites ASBL peuvent faire face aux grandes associations qui ont pignon sur rue

Perdues dans la nébuleuse des subsides, les petites associations se tournent vers la générosité du privé. Comment faire face aux grandes ASBL qui ont pignon sur rue ? Reste à trouver l’idée originale.

« Nous bénéficiions chaque année d’un subside de plusieurs milliers d’euros. Puis, le ministre en charge de notre secteur d’activité a changé. Et nous n’avons eu plus que quelques centaines d’euros… Avec lesquels il fallait payer du personnel », raconte une ancienne responsable de l’ASBL. « Pour avoir plus de subsides, on nous avait suggéré de participer à une soirée donnée par un politique. Il fallait y être pour attirer son attention. Mais pas trop tout de même car, en cas de changement de majorité, nous aurions pris le risque d’être étiquetés de sa tendance. »

Cette ASBL à finalité sociétale n’est pas la seule à être confrontée à ce type de problème. Les subsides publics restent cependant la principale source de revenus des associations : 82 % en bénéficient, selon une étude réalisée à la demande de la Fondation Roi Baudouin. « Mais pour beaucoup, ils ne représentent plus une source de financement aussi sûre qu’autrefois. Les budgets disponibles sont davantage morcelés« , précise la Fondation.

Du court terme

« Les subsides sont accordés de plus en plus souvent à court terme. Un an, contre 3 ou 5 ans avant. Le gâteau est de plus en plus petit, mais il y a de plus en plus d’ASBL. Et s’y retrouver dans la nébuleuse des subsides est compliqué car ça fonctionne par type de mission (jeunesse, handicap…) et par couche : fédéral, régional, local… », explique Cécile Vennat, directrice de Tool Box, association qui met en relation des personnes qui veulent donner du temps et aider les ASBL qui n’ont pas les moyens de payer un consultant, y compris pour se pencher sur la problématique du financement. « Nous organisons un coaching sur 18 à 24 mois. Nous les aidons à structurer leur réflexion stratégique de financement, à diversifier leurs sources. » Tool Box revoit aussi avec les ASBL leur façon de se présenter. « Elles doivent professionnaliser leur recherche de fonds, que ce soit pour des subsides ou d’autres financements. Elles doivent vendre leur projet, apprendre à se distinguer. Or souvent, elles ne sont pas prêtes pour cela. Il ne faut pas non plus négliger la composition des conseils d’administration. Un bon administrateur a du réseau et peut être un ambassadeur du projet. »

Transparence

« Nous encourageons vraiment les associations à être transparentes au niveau de leurs finances« , souligne Jean-Michel Corbisier, de Donorinfo. « Selon une étude réalisée en 2017, la principale raison pour laquelle le Belge ne donne pas d’argent c’est parce qu’il ne sait pas ce que l’ASBL va en faire. Les associations peuvent s’inscrire chez nous gratuitement – nous en avons 250. Leurs comptes sont analysés et publiés. Tout particulier ou entreprise peut venir consulter les chiffres en toute transparence. »

« Les petites associations doivent miser sur leurs atouts« , estime Hugues D’Ydewalle, fondateur de Fundraisers.be, qui propose notamment des formations pour aider les associations dans leur recherche de fonds. « Le fait d’être petite en est un car elles ont un contrôle direct sur leur action et ont moins de frais administratifs. Elles travaillent aussi avec des bénévoles, ce que les gens apprécient. Leur proximité est un autre atout », note M. D’Ydewalle. qui conseille de jouer la fidélisation en organisant un événement un peu original. « Cela peut devenir un rendez-vous annuel. Il faut essayer de trouver un événement qui colle aux attentes d’un nouveau public de donateurs, plus jeune, comme un défi sportif. De même, c’est intéressant de suggérer une domiciliation pour un petit montant, 2 euros par semaine, en proposant un projet particulier et en informant le donateur de son évolution. Le donateur se dit alors que tel projet a pu se réaliser grâce à lui. »

Des chiffres

Combien donnent les Belges ?

Dons. La Belgique compte quelque 130 000 ASBL et autres institutions à finalité sociale, dont seule une minorité est active en collecte de fonds. « Un club de foot, c’est aussi une ASBL », note Jean-Michel Corbosier, de Donorinfo. Savoir ce qu’elles reçoivent comme financement s’avère difficile. Le SPF Finances dénombre environ 2 000 institutions bénéficiant d’un agrément pour l’octroi d’attestations fiscales. « Mais de nombreuses associations ne sont pas agréées », poursuit Jean-Michel Corbisier. « De même, les sommes récoltées ne constituent pas un indice suffisant de la générosité des Belges car, pour recevoir une attestation, il faut donner minimum 40 euros par an. Or il y a un tas de microdonneurs, parmi les jeunes notamment. Et puis, une attestation ne peut être donnée si le donateur a reçu quelque chose en échange, comme une place de théâtre. » Les associations ont une vision un peu moins pessimiste de leur santé financière, selon une étude de la Fondation Roi Baudouin. 81 % des associations en Belgique estiment que leur situation financière est restée stable ou s’est améliorée au cours des douze derniers mois (contre 73 % en 2016). Toutefois, 12 % font encore face à des difficultés financières (contre 18 % en 2016).

Une marche de nuit pour le handicap

Quelque 200 euros. C’est ce que coûte quotidiennement chaque pensionnaire de L’Esssentiel. Située à Lasne (Brabant wallon), cette maison accueille 32 résidents adultes porteurs d’un handicap. « Le prix de 200 euros, c’est la norme. Et nous avons de la chance car notre fondateur, le docteur Michel Englebert, a reçu d’un généreux mécène le bâtiment que nous occupons », explique Jean-Benoît Sepulchre, l’un des parents cofondateurs. L’association facture 50 euros par jour aux pensionnaires, qui sont là à vie. « C’est à peu près ce qu’ils touchent en moyenne de l’État fédéral comme allocations. » Et le reste ? « Quand nous avons lancé le projet en 2010, l’AViQ – l’organisme wallon compétent pour les questions de handicap – nous a dit qu’il était magnifique, mais qu’il n’avait plus d’argent ! Nous avons reçu un don de la Province et nous bénéficions de points APE pour notre personnel (22 éducateurs et 4 administratifs) pour environ 600 000 euros par an. Depuis, tant l’AViQ que ses équivalents bruxellois (Cocof) et flamand (VAPH) ont décidé de financer la personne et non plus l’institution. Mais l’AViQ n’a toujours pas d’argent et la VAPH donne un montant qui doit être dépensé dans une institution en Flandre… »

La seule solution : se tourner vers le privé. L’Essentiel organise des soirées de gala avec des mises aux enchères, des pièces de théâtre,… « Il faut trouver des choses originales car les gens sont très sollicités. L’an passé, des amis, qui avaient participé à la marche de 100 km d’Oxfam, ont organisé une marche parrainée de 20 km, par équipe, en partie de nuit. Une nouvelle marche est organisée, au départ du Bois de la Cambre à nouveau, ce 30 avril. L’événement a rapporté près de 70 000 euros. Des particuliers y ont participé mais aussi des entreprises, qui ont créé des équipes en interne. C’était l’occasion de ressouder des équipes, de créer un esprit d’émulation… Certains patrons ont même proposé de doubler la somme que chacune de leurs équipes récoltait. Nous avons besoin de tous ces soutiens car, comme parents, notre angoisse est qu’un jour, ce centre ferme faute de financement. »

« Nous essayons d’être de plus en plus professionnels »

Faire reculer la dépendance. C’est l’un des objectifs de l’ASBL Gym Sana, qui propose une activité physique adaptée en groupe. Avec un effet sur le physique, mais aussi le psychologique et le social. Créée en mai 2009, l’ASBL s’adresse surtout aux personnes âgées, malades chroniques âgés, personnes avec un handicap… « Plus on bouge, moins on entre dans la dépendance » , constate Thierry Boutte, cofondateur de l’ASBL qui, chaque semaine, fait bouger 2500 personnes.

L’association a créé de l’emploi local et occupe une vingtaine de professionnels (kinés, ergothérapeutes…) qui sillonnent les routes de Bruxelles et de la Wallonie pour assurer des séances une fois par semaine. « Les activités se font au plus près des gens. » Tout ça a un coût. Le gros poste (70 %), ce sont les salaires. Ensuite, les déplacements, le matériel et la location des salles. Budget annuel : 700 000 euros. Pour se financer, l’association demande une petite participation, qui couvre 50 % des besoins. Autre source : les subsides. Des points APE en Wallonie, pour 65 000 euros par an. « À Bruxelles, nous avons parfois des subsides du ministre de l’Action sociale et de celui des Sports. Chaque année, il faut refaire la demande. » La troisième source, ce sont les dons. « Nous avons la chance d’avoir un mécène qui croit à ce projet et qui nous a donné une grosse somme sur quatre ans. C’est important d’avoir des financements à long terme pour se concentrer sur l’opérationnel. Nous participons aussi aux appels à projets de la Fondation Roi Baudouin. Mais cela prend du temps. » À côté, Gym Sana participe aux 20 Km de Bruxelles. l’ASBL a aussi organisé une pièce de théâtre et un concert. « Une soirée comme ça nous a rapporté 300 euros. Ce n’est pas facile d’être original et chaque activité demande tout un travail de communication. Nous avons l’agrément du SPF Finance pour la déductibilité – à redemander tous les quatre ans -, ce qui est important. Nous essayons aussi d’être transparents, d’être de plus en plus professionnels dans nos comptes et de réserver un maximum de fonds pour l’opérationnel.  »

DOSSIER RÉALISÉ PAR SOLANGE BERGER Publié le lundi 01 avril 2019 à 14h03 – Mis à jour le lundi 01 avril 2019 à 21h04

 

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